Publié par : Lynda Dumais | 30 septembre 2010

Bonhomme Carnaval

C’est avec un sourire en coin que j’ai vu passer le dernier Maclean – on s’appelle pas « CLEAN » pour rien ! Eh bien, voilà le chat sorti du sac : nous sommes la province du Canada la plus corrompue. En prime, cela donne à penser que les autres provinces le sont elles aussi. Pas que la provenance de l’information, ou l’information elle-même, ne me surprenne beaucoup. Depuis le temps que je dis à mes étudiants que la corruption n’est pas l’apanage exclusif de la Chine, une publication comme celle-ci, toute démagogique qu’elle soit, appuie mes propos. Il est vrai que, ces dernières années, les exemples locaux n’ont pas manqués. En fait, depuis le scandale des commandites, je peux modifier mes exemples à chaque session, alterner de l’un à l’autre et choisir le plus adapté. J’entends déjà la voix de ceux qui me disent, « En Chine, c’est pas pareil, ils sont bien pires que nous eux. Ils tuent les enfants à la mélamine, eux ». C’est un peu vrai, mais pas tout à fait.  Nous ne tuons peut-être pas les enfants, mais nous détruisons leurs rêves de carnaval à coup de déclarations spectaculaires.

Publié par : Lynda Dumais | 28 septembre 2010

De la hiérarchie et du statut

Le papier ci-dessous n’est pas de moi ni ne porte sur la Chine. Une fois n’est pas coutume. La pertinence de son contenu, en lien avec les phénomène de la hiérarchie et du statut en Chine, motive cet emprunt au Courrier International. Il s’agit d’une lettre rédigée aux autorités par une dame thaïlandaise souffrant de maux de dos. On souhaite lui retirer sa chaise …

14 janvier 2010

Objet : Demande de clarification concernant l’apport d’un siège personnel dans une administration publique.
Destinataire : Centre des impôts de Sri Prachan

Je soussignée Mme Rasmi Thaisitthipong, contrôleuse des impôts auprès du ministère du Budget, ai été affectée au Centre des impôts de Sri Prachan le 21 novembre 2007 et ai apporté un siège personnel pour l’utiliser dans l’exercice de mes fonctions. Les sièges du bureau sont inconfortables et m’empêchent d’accomplir pleinement mes fonctions, car je souffre de douleurs dorsales chroniques. Je me sers donc d’un siège personnel, que j’ai apporté dans tous les bureaux où j’ai travaillé.

Aucun supérieur ne m’avait jamais informée que je ne pouvais pas apporter de siège personnel au travail jusqu’à aujourd’hui, 15 h 34, où j’ai reçu un appel téléphonique du bureau du directeur du Centre des impôts du district m’informant que monsieur l’assistant Chamrat souhaitait que je rapporte mon siège à la maison parce qu’il ne convenait pas à mes fonctions. On me demandait de prendre un jour de congé demain et de rapporter ce siège à la maison. J’accuse réception de cet appel téléphonique. Cependant, je ne rapporterai pas ce siège à la maison et demande à pouvoir l’utiliser dans l’exercice de mes fonctions tant que je n’ai pas reçu l’ordre écrit de le rapporter à la maison, auquel cas j’obéirai. Je demande également à examiner le règlement du Centre des impôts de Sri Prachan pour savoir quelle disposition interdit l’utilisation d’un siège personnel dans l’exercice de fonctions officielles.

Rasmi Thaisitthipong, contrôleuse des impôts.

… et la réponse du Centre des impôts de Sri Prachan

Madame,

Ce siège ne convient pas pour vous parce qu’il ressemble à celui du directeur du Centre des impôts du district de Sri Prachan. Les contribuables ou autres visiteurs qui viennent dans les locaux ne savent plus qui est le directeur du centre. Utilisez le siège fourni par l’administration. Quant à vos douleurs dorsales, vous devriez prendre soin de votre santé en allant voir un médecin.

Publié par : Lynda Dumais | 15 septembre 2010

Il n’y a pas de fumée sans feu

Eh bien, ça y est, les Chinois remplacent nos concitoyens autochtones dans la contrebande de cigarettes. Il copient tout ces Chinois, les bonnes comme les mauvaises choses, les œuvres d’art comme les drogues. Après tout, la cigarette, c’est une drogue et les Chinois la connaissent bien …

C’est un peu grâce à nous, les Occidentaux, qu’ils y ont pris goût. Il y a d’abord eu l’opium, introduit de l’Inde par les Portugais, puis utilisé comme devise par les Anglais en échange du thé. Les guerres de l’opium du XIXe siècle ont coûté à la Chine des parties de son territoire, dont Hong Kong et Macau, et les concessions, notamment à Tianjin et à Shanghai. Au XXe siècle, c’est le cowboy américain Marlboro qui a pris le marché. Nous ne comprenions pas, dans les années 80, pourquoi les Chinois prisaient tant la marque du cowboy ni pourquoi les Américains leur envoyaient ce poison.  Je sais, j’étais  bien naïve … Mais maintenant, j’ai atteint la maturité.

La Chine « atelier de la planète » est venue. Les producteurs chinois ont compris que les « drogués » occidentaux feront n’importe quoi pour payer moins cher l’objet fumant de leur convoitise. Les Malsboros, les vraies et les fausses, sont maintenant produites en Chine et les distributeurs ne manquent pas. Ils ont appris de l’Occident comment nous prendre dans nos dernières réserves – les sous. Est bien pris qui croyait prendre.

Comme pour les autres drogues, nos gouvernements s’attaquent à l’offre plus qu’à la demande … et cette dernière est maintenant sous contrôle chinois. Aux armes contre la Chine …

China Daily, 19 mai 2009

Pour en savoir plus
Publié par : Lynda Dumais | 12 septembre 2010

Ce que Chinois et Haitiens ont en commun

Il n’y avait personne dans le taxi de tête. Ni même dans les deux taxis suivants. En fait, ils étaient tous, qui debout sur le trottoir, qui assis dans son taxi, à jaser. À jaser de Haïti au son de la musique nationale du pays. Les Haïtiens de Montréal, n’était-ce que leur conjoints et enfants sont ici, n’ont pas le cœur dans la métropole. Ils ont la tête ailleurs, dans les tropiques, dans leur pays d’origine. En les regardant, je n’ai pu m’empêcher de faire une comparaison avec le coté grégaire des Chinois. Parce que les Chinois d’ici sont, à certains égards, à l’image des Haïtiens que j’observais ce soir : ils se tiennent entre Chinois, ils mangent chinois (pas de poulet du Général Tao pour eux) et sont branchés sur ce qui se passe en Chine. En fait leur existence repose sur les liens qui les rattachent entre eux et à la nation et sur le maintien de relations interpersonnelles vivantes. Là est leur force … et, il me semble, notre faiblesse.

Publié par : Lynda Dumais | 5 septembre 2010

Marcher sa vie

Je lis que les souliers chinois en toile reviendraient en vogue. La tendance aurait envahi Internet . En effet, difficile de trouver des articles de fonds sur le sujet … Les distributeurs de souliers en ligne dominent. Un article parle néanmoins de Neiliansheng, un commerce de Beijing vieux de plus de 150 ans, qui en offrirait jusqu’à 3 000 modèles.

J’ai beaucoup porté ces souliers de toile noire sans talon et sur semelle de toile et parfois de caoutchouc. Faute de pouvoir se payer des souliers dispendieux, ils pouvaient être utilisés dans les répétitions et les spectacles de danse. En fait, à bien y penser, j’y ai probablement laissé mes genoux.

À mon arrivée à Tianjin en 1988, ce fut un plaisir d’en découvrir des versions plus sophistiquées. Ils étaient toujours noir mais parfois offerts en cuir, imprimés et parfois brodés. Il y avait même des versions hibernales en feutre. Je me souviens des dames âgées, survivantes d’une autre époque, qui portaient les versions adaptées à leurs pieds mutilés. On était loin des versions à la mode vendues aujourd’hui sur Internet … Le soulier était un soulier, pas une mode. Il servait à marcher.

Pour en savoir plus
Publié par : Lynda Dumais | 29 août 2010

La voie du changement

Un jour, l’unique cheval d’un vieux fermier s’enfuit.  Tous essayèrent de le consoler. Qui peut être certain que cela n’est pas en fait une bonne chose ?

Quelques jours plus tard, le cheval revint, accompagné d’un magnifique étalon sauvage. Tout le monde félicitèrent  le vieux fermier. Comment être certain que cela n’est pas un malheur ?

Le fils du vieux fermier aimait monter à cheval. Un jour il tomba et se brisa la hanche. Tous essayèrent de consoler le fermier. Qui peut être certain que cela n’est pas une bonne chose ?

Un an plus tard, les nomades traversèrent la frontière. Tous prirent leur armes et s’engagèrent dans la bataille. Neuf de dix combattants chinois en moururent. Le vieux fermier, devant prendre soin de son fils, ne put se joindre à la bataille.

Le changement est permanent et l’univers plein de contradictions. Pour comprendre et apprécier l’état des choses il faut connaître son contraire.

Traduction libre d’un extrait du texte taoïste Lie Zi (列子),  attribué à Lie Yukou (列圄寇), 500 ans avant notre ère

D’autres versions de cette parabole
Publié par : Lynda Dumais | 28 août 2010

L’explorateur est ailleurs

François Prévost n’est plus. Il nous a quitté à 65 ans après une vie passée à découvrir le monde. J’ai croisé le parcours du co-fondateur des Grands Explorateurs au Québec alors qu’il développait un projet dans le nord de la Chine, dans le Heilongjiang. Si le projet de centre récréo-touristique s’était réalisé, Tiger Mountain accueillerait aujourd’hui des milliers de plaisanciers chinois, été comme hiver. Ces dernières années, un projet à Pic dur était devenu sa nouvelle passion. François a repris le chemin. Sur cette route il arrivera peut-être à nous transmettre images et impressions sans même que nous nous en rendions compte.

Publié par : Lynda Dumais | 20 août 2010

Chinoiserie

On dit souvent « on peut sortir un Chinois de Chine, mais on ne peut pas sortir la Chine d’un Chinois ». Je crois que cela est très vrai. Être chinois, c’est un un sentiment inné qui dépasse le patriotisme, la nationalité, la citoyenneté et la loyauté, tout en les incluant tous. C’est un lien et une force contraignantes qui combinent le sentiment du devoir et l’attente d’un remboursement. C’est un club exclusif de 5 000 ans d’histoire, lequel confère l’impression d’être différent ainsi qu’une haute estime de soi. Être chinois est immuable et rien d’aussi éphémère qu’un passeport ou une vie entière à l’étranger ne peut en défaire.

Le langage est central à l’être chinois et les caractères au centre du langage. Ils confèrent un lien unique, privilégié. Chaque caractère constitue une idée en soi. La prononciation peut diverger mais le sens du caractère demeure le même, dans le temps et dans l’espace. La transcription phonétique des noms de famille Wang et Wong correspond au caractère « 王 », qui signifie  roi ou monarque, et ce en Chine, à Taïwan et ailleurs dans le monde. Par ailleurs le chinois ne se conjugue pas. « Mao est un  bon leader » et « Mao fut un bon leader » s’écrivent de la même façon. Mao est encore ainsi bien vivant dans l’esprit de celui qui ne saurait pas qu’il a quitté ce monde en 1976. Ce qui est passé dans notre langage est préservé en vie en chinois. L’être chinois se confond avec la Chine dans le temps, celle qui fut, est et sera.

Tout cela est bien beau, mais ne nous la rend pas facile dans nos efforts pour se rapprocher des Chinois. Mon club à moi est jeune, non exclusif voire un peu divisé. Mais bon, cela est une autre histoire…

Inspiré en partie de Mr. China

Wang Xizhi (王羲之)

Publié par : Lynda Dumais | 18 août 2010

Prix « cassés » de Walmart

Nous apprenions hier que Walmart mettra bientôt fin à sa politique de prix cassés. Cela me réjouit un peu. Pas pour les consommateurs que nous sommes, et dans ce « nous » j’inclus les Chinois qui magasinent dans l’un des quelques 100 Walmart de la Chine, mais pour les milliers de fournisseurs chinois qui approvisionnent l’entreprise. Je me plais à espérer que nous assistons ainsi à la fin de la spirale des prix à la baisse, laquelle exerce une forte pression vers le bas sur les prix de vente des fournisseurs chinois et, de ce fait, sur leur marge bénéficiaire. Ultimement, qui paie réellement l’incroyable 0.25 $ annoncé cette semaine par Walmart pour pour les cahiers destinés à nos écoliers ? Croyez-vous vraiment que Walmart absorbe une diminution de ses marges de profit ? Non, évidemment (ou si peu). Ce sont les producteurs chinois (ou indiens ou mexicains) ayant accepté de les produire à 0,05 $ (ou moins) qui prennent le coup, dans la perspective d’aller chercher à long terme les volumes de Walmart. Bien sûr, les producteurs essaient, peut-être, de récupérer la perte sur l’épaisseur du papier ou la ventilation de l’usine de production, mais on nage ici dans les sous alors que Walmart navigue dans l’or.

Je profite du « geste glorieux » de Walmart pour remettre en question l’un de mes paradigmes fondamentaux : la quête des aubaines d’une part et, d’autre part, l’appel à la qualité et les larmes de crocodiles sur les salaires et les conditions de travail des ouvriers chinois. Je ne peux rien faire directement pour ces derniers mais j’ai la possibilité d’exercer des choix qui assécheront éventuellement mes larmes. Ceci dit, si vous me croisez chez Walmart ne m’en voulez pas. Jean Coutu ne vend plus mes acétaminophènes avec un peu de caféine et Walmart distribue une gamme de produit à l’odeur de noix de coco à laquelle je me suis attachée …

Edward Burtynsky

Voir aussi
Publié par : Lynda Dumais | 16 août 2010

Train haute-vitesse rue Sherbrooke ?

Cet après midi, je prendrai le métro à la Station Sherbrooke, enfin, si la ligne nord-sud (orange pour les plus jeunes) n’est pas en panne. Pour m’y rendre, j’aurai probablement attendu l’autobus une trentaine de minutes sur l’une des artères principales de la ville – hors pointe impossible de se déplacer dans des délais raisonnables. Je sais, vous me direz « tu as choisi de ne pas avoir d’automobile, tant pis pour toi ». Et je persiste : je marche, je me déplace en bixi (pas sur Sherbrooke, trop dangereux) et j’endure un système de transport d’un autre âge. Parlant d’âge, croyez-vous que le tramway améliorera les choses à Montréal ?

« Bixi » de Shanghai

En attendant des jours meilleurs, je lis une étude de la Banque mondiale qui louange les efforts de la Chine dans le domaine du transport haute-vitesse et qui va même jusqu’à associer ce dernier au développement économique. Le président de Bombardier-Chine – saviez-vous qu’il s’agit d’un diplômé de l’une de nos facultés de gestion ? – a de quoi être fier ! Entre Tianjin et Beijing, je mettais de deux à quatre heures dans les années 80. Le même trajet demande maintenant vingt minutes … je mettrai une heure pour aller à Longueuil en dehors de l’heure de pointe … Ah oui, je sais, il y a les horaires d’autobus publiés sur Internet. Je pourrai donc attendre chez moi au lieu de dans la rue, tout en lisant un bon livre.

Train Tianjin-Beijing

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