Publié par : Lynda Dumais | 12 décembre 2011

Le Canada, terre d’immigration

Ils cherchent à quitter la Chine, que certains associent à un bateau en train de couler. Pour justifier leur départ de la mère-patrie, certains invoquent le contexte difficile et la corruption du régime et de ses représentants locaux. D’autres espèrent donner à leur enfants un environnement de meilleure qualité pour étudier et grandir. Près de la moitié des Chinois dont le patrimoine excède 10 millions de yuans (1,7 millions de yuans) envisageraient d’émigrer. Hong Kong constitue une destination de choix mais le Canada figure aussi en haut de la liste (Courrier international, 12 décembre 2011)

Mais si le Canada est « populaire », qu’en est-il du Québec ? Outre à Brossard, où vont ces investisseurs potentiels ? Investissement Québec et son équivalent à Montréal sont-ils toujours à l’affut de ces immigrants-investisseurs ? Comment sont-ils intégrés à notre société ? À l’heure où les échecs d’intégration font la manchette, ne pourrions-nous pas entendre parler des succès en la matière ? On en sait pas beaucoup sur le sujet. Si la langue française représente un défi insurmontable pour des dirigeants de la Caisse de dépôt et de la Banque nationale, il est facile de s’imaginer ce qu’il en est pour un Chinois ayant possiblement fait fortune dans l’import-export et peut-être moins éduqué qu’eux. Tout un défi pour les gouvernements et un questionnement pour les citoyens.

Publié par : Lynda Dumais | 11 décembre 2011

Téléphone (rouge)

Mes proches le savent : je n’aime pas le téléphone. En contexte chinois, cela pourrait vouloir dire que je ne souhaite pas « rendre manifeste la volonté d’établir ou de maintenir une relation avec autrui ». Mais bon, je ne suis pas chinoise … La définition du téléphone comme « support d’actions expressives individuelles » (Hua et Thireau, 2005, p. 72) est néanmoins intéressante.

« J’ai quitté mon village pour aller travailler près de Canton il y a un peu plus d’un an. Mes parents ont fait installer une ligne de téléphone juste après mon départ. En général au village, on utilise le téléphone public d’un petit commerce quand on a besoin de passer un appel. On peut aussi recevoir des communications en payant un yuan [0,16 $] par appel reçu, car le commerce doit envoyer quelqu’un nous prévenir. Ce commerce est tout près de chez nous, alors avoir un téléphone fixe à la maison, ce n’était pas vraiment nécessaire. L’abonnement coûte 26 yuans [4,33 $] par mois, et en quatorze mois, j’ai téléphoné six fois à la maison. En plus, il n’y a pratiquement personne d’autre qui appelle mes parents. Mais, même si c’était une dépense importante, mes parents ont absolument voulu avoir le téléphone à la maison. Pour eux, c’était une façon de montrer combien ils tenaient à moi, une façon de se dire que je restais proche d’eux même si je partais seule dans une région inconnue. Ma mère m’a dit un jour que le téléphone, c’était un peu moi. Au moment du Nouvel An, je n’ai pas pu rentrer à la maison, et c’est devant le téléphone que mes parents ont planté des bâtons d’encens et demander aux dieux de me protéger. Moi, ça me rassure aussi, même si je ne téléphone pas souvent, je ne suis pas vraiment seule, je me sens plus forte, je suis pas une ouvrière migrante complètement isolée, et je ne suis pas mauvaise fille non plus, car sinon mes parents ne feraient pas ce sacrifice » (Hua et Thireau, 2005, p. 71)

Hua et Thireau (2005). Liens personnels, expressions, repères d’identification : actions expressives et nouveaux supports de communication en Chine. La Découverte | Réseaux, 5(133), 69-100.
Publié par : Lynda Dumais | 3 décembre 2011

Piscines

Trouver une piscine extérieure à Beijing ou à Shanghai, où il fait 30 degrés et plus à compter de mai, n’est pas chose facile. Pour les Chinois, cela ne semble pas poser problème. Bien avant que nous commencions à dénoncer les bains de soleil, ils se méfiaient des rayons ardents. Les Chinois, où qu’ils soient dans le monde, cherchent l’ombre. Les beaux parapluies roses ou turquoises bordés de dentelle, lesquels se vendent partout l’été venu, sont en fait des ombrelles pour les temps modernes.

Je reviens à mes piscines … Donc, peu de piscines extérieures publiques et dans les hôtels. Alors où aller quand il fait chaud ? Eh bien maintenant, il y a une nouvelle attraction : une piscine à vagues, aménagée dans l’ancien cube aquatique des Jeux olympiques de 2008. Le Beijing Happy Magic Watercube Waterpark peut accueillir plus de 2 500 baigneurs, pour de 150 à 200 yuans (25 à 33 $). La tarification, comme d’ailleurs celle qui s’applique à plusieurs buffets dans les hôtels, est particulière à la Chine : les enfants de moins 1,2 mètres entrent gratuitement; les enfants mesurant entre 1,2 et 1,4 mètres bénéficient d’une réduction; les enfants mesurant plus de 1,4 mètres paient le plein prix. À ce prix là, les gens doivent apporter leur lunch et rester toute la journée …

Le parc aquatique représente peut-être une bonne idée pour ceux qui se demandent quoi faire avec nos installations olympiques de 1976. À défaut de méduses et de bulle flottantes, nous pourrions proposer des ressources locales, par exemple des flocons de neige et des homards. Pour la tarification, je conserverais l’âge comme critère de base. À 60 ans, même si je mesure plus 1,4 mètres, je pourrais au moins commencer à bénéficier d’une réduction.

Publié par : Lynda Dumais | 30 novembre 2011

Tourisme chinois à nos portes

Vers 2020, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) prévoit que plus de 100 millions de Chinois voyageront à l’étranger. Thoughtful China propose des entretiens avec des spécialistes de l’industrie pour aider les pays d’accueil à recevoir ces visiteurs.

En résumé, quelques conseils … adaptés à la sauce québécoise.

  1. Faire la différence entre un Chinois et un Japonais. Apprendre à dire bonjour (ni hao)
  2. Faciliter l’accès aux commerces vendant des produits de luxe. Dans la mesure du possible, éviter les Dolloramas
  3. Servir de la nourriture chaude à tous les repas. Les sandwich froids, même servis avec du thé, ne sont pas appréciés. Choisir des restos où nos visiteurs ne perdront pas la face à essayer de couper un steak de deux pouces d’épais
  4. Des plats de nouilles au menu des hôtels. Cela complètera le coté « international » de leur offre, déjà pourvue de sushi, de spaghetti, de hamburger et de tacos
  5. De l’information en chinois (sur le net et papier) pour les hôtels et les attractions touristiques. Cela représente un investissement pour le futur
Publié par : Lynda Dumais | 25 novembre 2011

Silence ! Je réfléchis …

Heureuse d’apprendre que le milieu universitaire s’interroge enfin sur la pertinence et les défis de la participation en classe à tout prix. Il y a quelques années, une école d’administration de renom attribuait 25 % de la note finale de ses étudiants MBA (cohorte anglophone) au fait de « participer en classe ». Participer signifiait « s’exprimer verbalement ».

Naturellement, Nord-Américains et Européens, dont la langue première était l’anglais, étaient favorisés. D’ailleurs, hors de l’enceinte universitaire plusieurs de ces jeunes trentenaires avaient aussi des opinions sur tout (et parfois sur rien) et cherchaient à les communiquer au maximum de public. Aujourd’hui, les réseaux sociaux en ligne et Twitter, satisfont en partie à cette quête d’expression.

D’autres étudiants, dont les Chinois, étaient défavorisés. Outre le défi associé à s’exprimer dans une langue seconde, ces derniers n’ont pas l’habitude de « prendre le plancher » comme nous l’avons. La culture de l’humilité et la peur de perdre la face sont d’autre facteurs à prendre en compte pour un Chinois.

Et puis, il y avait ces silences qui nous pèsent tant à nous. Nous remplissons les espaces de communication, comme nos peintres saturent les toiles de couleur. Les vides et les silences nous dérangent un peu. Si nous prenions seulement conscience que se taire donne le temps de réfléchir une peu, notamment pour proposer un discours plus utiles à la conversation en cour.

Le beau côté d’un blog, c’est que personne n’est condamné à écouter ….

Publié par : Lynda Dumais | 20 novembre 2011

À quoi pensent les jeunes Chinois ?

La Presse (samedi, 19 novembre 2011) nous propose un reportage sur le projet Ispeak Chine. En 2008, le photographe britannique Adian Fisk parcourt La Chine demandant aux jeunes de s’exprimer sur un bout de papier.

Que veulent les jeunes Chinois au delà de la santé, d’un boulot et de l’argent ? 100 témoignages aussi diversifiés que le sont leurs auteurs. Un regard pénétrant pour une réflexion sur ce qui est rarement dit.

Publié par : Lynda Dumais | 18 novembre 2011

Tortues de mer

La diaspora chinoise représente près de 70 millions de personnes. Il viennent au Canada pour investir, pour assurer une éducation de qualité pour leurs enfants ou s’installer dans un meilleur environnement. Tous ne réalisent pas leurs rêves et l’intégration n’est pas toujours facile. Un entretien avec Robert Guest, l’auteur du manuscrit Borderless Economics, présente les fruits potentiels de l’émigration et de l’implantation des diaspora dans le monde, notamment celle des « Tortues de mer » (haigui) chinoises.

Un numéro spécial sur les diaspora de The Economist présente une cartographie des 20 principaux pays de destination des Chinois. Ils seraient plus de 1,35 millions au Canada.

Pour en savoir plus
Publié par : Lynda Dumais | 15 novembre 2011

Plus de légendes au km carré

Je suis récemment tombée sur une publicité pleine page du Québec dans le Courrier International (12 au 18 mai 2011). Elle est bien sûr dirigée aux Français ou, à tout le moins, aux francophones. Peu de chance que mes amis chinois la voient. Je me demande tout de même ce qu’ils en penseraient. Outre les plumes, peut-être remarqueraient-il quelques similitudes physiques.

Qu’est ce qu’on utilise dans la publicité du Québec en Chine ? Je ne crois pas qu’une phrase comme « Plus de légendes au kilomètre carré » serait très porteuse. Il en ont à revendre des légendes. Même le stade olympique n’a plus l’aura qu’il avait. Je me souviens des autobus de visiteurs chinois débarquant près du stade pour faire quelques photos. En fait, une fois la perspective idéale trouvée, tous les visiteurs chinois se plaçaient dans l’angle convenu. De retour en Chine, ils étaient assez gentils pour m’envoyer copie de la photo prise devant le stade, dans le même angle pour tous. 15 photos de 15 Chinois, à peu près habillés de la même façon, avec en arrière-plan mon stade sans toit. Rien pour m’aider à les différencier les uns des autres …. Les temps ont un peu changé, la pratique du choix de l’angle idéal est la même mais les vêtements sont plus colorés et les poses plus diversifiées.

Pour revenir à la publicité, peut-être qu’un ours blanc ou un castor sur son barrage feraient l’affaire. Le premier leur ferait peut-être penser à leurs pandas et le second au Barrage des trois gorges en miniature …

Publié par : Lynda Dumais | 7 novembre 2011

Au delà de l’étiquette

Un symbole palestinien fabriqué … en Chine. Pour payer moins cher, fabricants et consommateurs sont prêts à tout, même à laisser aller en Chine la fabrication de symboles nationaux (ici le keffieh) ou encore à acheter des porte-clés, drapeaux et autre babioles avec fleurs de lys et feuille d’érable made in China chez Dollorama pour donner à des amis chinois en Chine. Je l’avoue, j’ai commis ce « crime » à quelques reprises. Après tout, ces objets, si représentatifs du Québec et du Canada, sont fabriqués sur commande pour des Québécois et ne sont pas disponibles en Chine. Je sais, je viens de descendre dans votre estime…

Rien de nouveau sous le soleil. Dans les années 90, le Canada China Business Council avait déjà ouvert la voie. Le cadeau que recevaient les participants – Canadiens et Chinois – à une conférence annuelle à Beijing était qui une cravate qui un foulard,  bien sûr en soie et garni de feuilles d’érable … avec une étiquette made in China. J’avoue qu’à l’époque, nous, les participants du Canada, ne l’avions pas trouvé bien drôle. Par la suite, je me servais d’ailleurs de cet incident dans mes cours sur la Chine comme exemple d’« à ne pas faire » quand vient le temps de choisir un cadeau.

Mais aujourd’hui, difficile de trouver un cadeau abordable qui n’ait pas été fabriqué en Chine. L’été dernier, je me suis même laissée tenter par un petit pyjama de bébé  pour un ami chinois qui vient de devenir grand-père. La version Yin Yang aurait pu être jugée exagérée. J’ai enlevé l’étiquette.

Publié par : Lynda Dumais | 4 novembre 2011

L’Art de la guerre

Ces temps-ci, l’Europe est au cœur de l’actualité et des discussions sur la survie à long terme de la Zone Euro. Personnellement, j’aime mieux parler de croissants à Paris ou d’un café sur la Plaka à Athènes mais bon. Avec ses réserves de devises étrangères, la Chine propose d’aider l’Europe, et surtout la Grèce, à se sortir de son merdier financier. Bien sûr, les média de l’Occident soulèvent les inconvénients d’une telle initiative. D’autres proposent d’autres points de vue. Personnellement, je l’admet, quand il s’agit de politique, et de surcroit de politique financière, je décroche un peu de la discussion. Par contre, si je me hasarde à regarder le big picture, je comprends très bien le pourquoi de cette discussion. Selon moi, nous avons peur et faisons l’autruche. Après tout, les Chinois sont déjà là, en très grand nombre, en Chine et aussi partout dans le monde grâce à une diaspora de corps et d’esprit chinois.

J’aime à penser que nous finirons par comprendre que les attitudes de protectionnisme aveugle ou de peur de «tomber sous le contrôle» des Chinois ne mèneront nulle part. S’il ne viennent pas en Occident officiellement (physiquement ou financièrement), ils imposeront leur présence autrement, subtilement, notamment via la diaspora. Comment ferons-nous pour empêcher nos concitoyens d’origine chinoise, possiblement financés par d’autres Chinois, d’acquérir des terres et des mines au Québec ?

Je crois sincèrement que nous devons développer des compétences pour mieux les comprendre et devenir stratégique pour faire face à des partenaires (je dis bien partenaires) qui ont, quant à eux, fait leurs devoirs et acquis une solide maîtrise de « l’art de la guerre ». Je préfère voir « l’ennemi » de près et négocier que de le savoir avancer sans que personne ne s’en doute. Et puis, j’aurai ainsi plus d’occasions de parler mandarin et de manger des jiaozi.

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