Plus de 1,3 milliards de Chinois – ceux qui sont comptés bien sûr – parlent le chinois. Longtemps, bon nombre de professeurs qui venaient au Québec pour nous donner des cours de langue, croyaient qu’il était en fait impossible pour un Occidental d’apprendre le Chinois. C’est ainsi que vous n’aviez qu’à dire « Ni hao » pour qu’immédiatement on vous dise, tout en sourire et de bon cœur, que votre mandarin était parfait … C’est en arrivant à Tianjin en 1988 que j’ai finalement constaté que quatre ans de cours de langue à Montréal ne m’avait apporté que bien peu et que c’est dans l’année qui venait que j’apprendrais le plus. C’était sans savoir que les Événements de Tiananmen viendraient bousculer ces plans en 1989. Mais c’est là une autre histoire….
De la difficulté de parler mandarin
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L’habitation des fourmis
Le mot « confortable » n’a pas le même sens pour tous. C’est ainsi que monsieur Huang parle du confort des huit cabines de 2,4 m de long sur 1,6 m de haut et 0,72 ou 0,92 m de large qu’il loue à des travailleurs migrants et étudiants en quête d’emploi. Monsieur Huang ajoute que, pour ceux qui partagent une petite chambre à six ou qui errent dans les rues sans avoir un toit pour s’abriter, ces capsules sont incontestablement confortables . Elles sont équipées d’une porte, d’un bureau pliant pour ordinateur et d’une connexion Wi-Fi et mises au marché pour 30-35 $CAN par mois. Reste à savoir si elles favorisent ou non les bonnes relations interpersonnelles … (Courrier international – 25 juin 2010)

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Caractères chinois et contextualisation
Notre alphabet, linéaire, dévoile son sens progressivement, de gauche à droite, et développe ainsi notre propension à l’analyse logique. Les lettre « c », « i » et « v » n’ont pas de sens en soit mais, une fois réunies, elles nous amènent à penser à des concepts comme « civilisation », « civisme » et « citoyen ».
Le pictogramme chinois s’inscrit toujours dans un rectangle imaginaire, peu importe le nombre de traits qui le compose. Il est un concept en soit, et appelle au développement de l’aptitude à percevoir la globalité de l’énoncé. En recherche, nous appelons ce processus « contextualisation » et il manque parfois à notre vision des événements en lien avec la Chine.
Inspiré en partie de : Leclère, M.F. (09). Nous reprochons à la Chine d’avoir confiance en l’avenir. Interview Cyrille J.-D Javary. Le Point, 24-31 décembre 2009, 142-144.
Voir aussi
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Yale – Sur la théorie
Je termine l’écoute la première séance d’un cours en ligne de Yale, intitulé « Theory of Literature ». Le cours est donné par le professeur Paul Fry. Super intéressant pour les gens comme moi qui ont un peu de rattrapage à faire sur le vocabulaire de recherche et les chercheurs importants : néo-pragmatisme, herméneutique, origines de la théorie …. J’anticipe avec plaisir l’écoute de la deuxième séance…
Résister à la Chine ?
Une article récent du périodique Les Affaires (« D’exportateurs à investisseurs », 17 au 23 octobre 2009) rappelle que la Chine est engagée sur la voie de la croissance de ses investissements à l’international, dont au Canada. Rien de surprenant … nous en parlions il y a au moins cinq ans. Mais à l’époque, les gens nous écoutaient à peine. Eh bien, la réalité est à notre porte. Que faisons nous ? Nous appelons à la résistance …
Interrogés sur le sujet, les interlocuteurs de l’article partagent leurs craintes et discutent de la menace chinoise. Mais enfin, où sont les propositions de solutions ou d’accompagnement de nos entreprises et institutions dans la définition de stratégies adaptées – l’article est pourtant inséré dans la section « Stratégie » du périodique ! À quand les appels à la coopération, au développement de liens plus étroits et à la formation de coentreprises. Pourquoi ne pas mobiliser tous ces jeunes – et moins jeunes – Québécois ayant appris le mandarin, passionnés de la Chine et sûrement en mesure de contribuer à des groupes de réflexion et à la création de ponts avec les investisseurs chinois ? Et puis, que faisons-nous de tous ces Québécois d’origine chinoise éduqués et installés au Québec ? Les embauchons-nous dans nos entreprises pour nous aider à mieux comprendre et à gérer la fameuse « menace chinoise » ?
Il faut commencer par de petites interventions : comprendre les enjeux, vivre avec les différences, être positif et travailler d’arrache-pied à créer des liens plutôt que de braquer les armes. Je ne suis pas idéaliste. Au contraire, sachant ce que je sais de la Chine et des Chinois, je suis réaliste.
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Chandails rouges
Aujourd’hui, on parle de dispersion des chemises rouges à Bangkok et de retour à la normale dans les rues.
Cela me rappelle les premières élections après la mort de Suharto en Indonésie. Chacun des partis avaient des chandails de couleur différente. Le parti de Suharto payait les gens pour porter ses chandails jaunes et, quand le grabuge commençait, ceux qu’on payait pour porter le jaune s’empressaient de le retirer. Après les parades où le parti de Suharto avait le droit de parader (environ 48 partis, donc 3 partis par jour) la rue était toujours jonchée de chandails jaunes abandonnés en vitesse.


Bangkok doit elle aussi être jonchée des chandails rouges de ceux qui se sont dispersés.
Je me demande si les Chinois portent des chandails rouges pour commémorer le départ de Hu Yaobang en avril 1989…. souvenir de moments intenses et inoubliables.
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De Montréal à Shanghai : la vie sur une corde à linge
Les cordes à linge m’ont toujours un peu fascinée. D’abord dans le Montréal des ruelles, depuis la petite enfance : draps et vêtements minutieusement enlignés, de grands à petits et selon les couleurs, du blanc au noir en passant par l’arc en ciel. Un ordre travaillé, reproduit semaines après semaines, parfois depuis des générations, parce qu’il le fallait, l’hiver dans la maison et, le plus rapidement possible, à l’extérieur quand le printemps revenait enfin. Qui de nous n’a pas respiré à pleins poumons l’odeur fraîche de draps encore froids.
Et puis le temps a fait son œuvre. Comme plusieurs, j’ai remis en question l’ordre prescrit : révolution des couleurs et cordes à linge pliables. Les cordes tendues du balcon à la ruelle se sont faites plus rares, voire parfois interdites – convention de copropriété obligeant. Il est vrai qu’un drap laissé des jours entiers sur une corde à linge du troisième privait de lumière ceux qui habitaient les étages en dessous. La sécheuse à linge s’est imposée, l’odeur de l’assouplisseur a remplacé celle de la ville. Pour certains, la vie est entrée au secret des discussions de cuisine et de salon, à l’abri de regards comme le mien.
Cependant, pour ceux qui comme moi préfèrent les allées aux autoroutes, les cordes à linges révèlent encore quelques secrets. Je me suis mise en quête active des cordes à linge, ici et ailleurs, et souvent en Chine. Comme si les cordes à linge de Chine allaient m’apprendre autre chose que je ne savais déjà. La magie a fait son œuvre : la vie des cordes à linge est plus forte que le développement urbain. Il ne faut que deux ancrages pour accrocher la corde, ou un bâton pour enfiler les manches de chemises au dessus de la tête des passants.
J’ai envie de vous proposer les cordes à linge qui ont accroché mon regard à travers les années, ici et en Chine, en espérant que y vous trouverez avec moi l‘empreinte d’un précieux héritage, une symbolique à découvrir ou à inventer et l’ailleurs de rêves en devenir.
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Hutong et nostalgie
Qui connaît un peu Beijing ne peut que penser à ses quartiers de rues étroites (hutong), sur lesquelles donnent de minuscules ruelles encombrées et, parfois, des cours intérieures ayant survécu à la surpopulation et à la division des espaces résidentiels entre plusieurs familles. Au cours des récentes années, on a beaucoup parlé de leur disparition progressive au profit de larges boulevards, commerces et tours d’habitations modernes. Quant le caractère chai est apposé à l’avant de la maison, c’est que le sort en est jeté : délocalisation et démolition arriveront bientôt.
Au-delà de la tristesse qu’invoquent ces changements, je ne peux que me rappeler la minuscule pièce où habitait mon amie Chao Lanzi : la table sur le lit, les boîtes d’appareils électriques (four micro-ondes, système de son, télé) sur des tablettes en hauteur, faute de l’électricité nécessaire pour les animer, les douches et toilettes publiques … J’imagine que, pour certains, le fait de quitter les hutong pour des tours neuves, localisées au-delà du deuxième périphérique, entraîne sa part de réconfort…
On dit qu’à Beijing, des 3 000 recensés dans les années 60, il ne resterait que 500 hutong et que plus de 500 milles personnes auraient ainsi été déplacées. Aujourd’hui, les autorités de la capitale cherchent à préserver certains d’entre eux, notamment pour des raisons touristiques. Certains sont démolis puis reconstruits pour répondre à des normes de confort moderne. Plusieurs siheyuan (cours intérieures) sont remises au marché. Comme dans toutes les grandes villes du monde, les résidents originaux n’y reviendront pas.

Pour plus d’information sur le sujet :
- Un magnifique recueil d’illustrations des vieux métiers de Beijing : Yang Xin (2002). Old Trades of Beijing. Beijing : Xinhua Publishing House
- Le célèbre roman de Lao She, Quatre générations sous un même toit : le Petit Bercail, le sophora, les familles chinoises, l’occupation japonaise … à lire sans faute
- Un article récent et quelques photographies de hutong
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La fin des JO – Le début de l’après-jeux
Les JO de Beijing viennent de se terminer, dans la lumière et l’ombre, dans le noir, le blanc et la couleur, dans la tradition et la modernité. Je suis très fière pour mes amis chinois et aussi, heureuse des choix que j’ai faits, il y très longtemps, d’apprendre un peu de ce pays, de sa langue et de ses gens.
Le chemin qui a mené à cet événement inoubliable n’a pas été facile; dès le début, l’aventure olympique chinoise a été la cible de projecteurs médiatiques et politiques hostiles, sinon fortement biaisés. Bon, je vous l’accorde, je suis moi aussi biaisée et, ce faisant, je réserve souvent mes critiques et je me pose en contrepartie des regards annonciateurs de catastrophes. Qui serais-je pour faire comme tant d’autres, lesquels se gargarisent de citations expertes et jugements de valeur parfois non fondés ? La Chine m’a appris à faire preuve d’humilité, notamment parce que sa complexité dépasse l’entendement d’une simple personne, toute sinophile qu’elle soit.
Je prends ici une résolution : ne plus porter attention à ces experts qui, à l’instar de cette journaliste sportive comparant les Jeux qui s’achèvent à ceux tenus à Berlin en 1936 sous le régime hitlérienne, ne font pas du journalisme professionnel. Ils créent en fait la nouvelle et lancent dans le public leurs mauvais éditoriaux sur un monde qu’ils ont appris à distance ou par médias interposés. Ils annoncent des drames pour qu’on leur attribue ensuite le pouvoir de Nostradamus contemporain. En fait, ni eux ni moi ne savons ce qui se passera demain. Je continuerai quant à moi à regarder la Chine, de près et de loin, peu importe la voie qu’elle emprunte. Je lui consens ses spécificités et ses différences et reconnaîs ses enjeux; elle a, j’assume, le droit de ses choix.
La vie en Chine reviendra bientôt à la normale, tant est-il que le quotidien d’un pays de plus de 1,3 milliards de personnes puisse être qualifié d’ordinaire. Les JO n’auront peut-être pas changé la Chine mais ils auront, je l’espère, ouvert la porte à une meilleure compréhension, une tolérance accrue et un dialogue plus ouvert. Pour le reste, l’histoire n’est pas écrite et ne peut donc être commentée de façon opportuniste. Ceci dit, il est réconfortant de constater que nos représentants radio-canadiens, affectés en Chine pour de longues périodes, y ont développé un regard beaucoup plus éclairé et équilibré que celui de visiteurs qui commentent à distance, ou dans le cadre de courts séjours. Je salue ici l’effort consenti à traiter les sujets dans leur contexte global, au détriment de visions plus sensationnalistes et, malheureusement, beaucoup plus lucratives
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JO : comment dire bravo
Le Comité organisateur des Jeux olympiques de Beijing présentait récemment la gestuelle d’encouragement et les slogans devant être utilisés pendant les JO. Les fans seront autorisés à modifier les slogans comme ils le souhaiteront, par exemple remplacer « Jeux olympiques » par le nom de leur athlète préféré, ou remplacer « Chine » par Canada. La décision de sensibiliser et de former les jeunes à la nouvelle gestuelle est particulièrement destinée aux 800 milles étudiants chinois qui composeront une partie du public dans les tribunes des stades. Qui sait, peut-être pourrons-nous utiliser la gestuelle devant notre écran télé …
Adapté et édité à partir du Quotidien du peuple en ligne et du Courrier international, 19-25 juin 2008
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