Les cordes à linge m’ont toujours un peu fascinée. D’abord dans le Montréal des ruelles, depuis la petite enfance : draps et vêtements minutieusement enlignés, de grands à petits et selon les couleurs, du blanc au noir en passant par l’arc en ciel. Un ordre travaillé, reproduit semaines après semaines, parfois depuis des générations, parce qu’il le fallait, l’hiver dans la maison et, le plus rapidement possible, à l’extérieur quand le printemps revenait enfin. Qui de nous n’a pas respiré à pleins poumons l’odeur fraîche de draps encore froids.
Et puis le temps a fait son œuvre. Comme plusieurs, j’ai remis en question l’ordre prescrit : révolution des couleurs et cordes à linge pliables. Les cordes tendues du balcon à la ruelle se sont faites plus rares, voire parfois interdites – convention de copropriété obligeant. Il est vrai qu’un drap laissé des jours entiers sur une corde à linge du troisième privait de lumière ceux qui habitaient les étages en dessous. La sécheuse à linge s’est imposée, l’odeur de l’assouplisseur a remplacé celle de la ville. Pour certains, la vie est entrée au secret des discussions de cuisine et de salon, à l’abri de regards comme le mien.
Cependant, pour ceux qui comme moi préfèrent les allées aux autoroutes, les cordes à linges révèlent encore quelques secrets. Je me suis mise en quête active des cordes à linge, ici et ailleurs, et souvent en Chine. Comme si les cordes à linge de Chine allaient m’apprendre autre chose que je ne savais déjà. La magie a fait son œuvre : la vie des cordes à linge est plus forte que le développement urbain. Il ne faut que deux ancrages pour accrocher la corde, ou un bâton pour enfiler les manches de chemises au dessus de la tête des passants.
J’ai envie de vous proposer les cordes à linge qui ont accroché mon regard à travers les années, ici et en Chine, en espérant que y vous trouverez avec moi l‘empreinte d’un précieux héritage, une symbolique à découvrir ou à inventer et l’ailleurs de rêves en devenir.
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