Publié par : Lynda Dumais | 26 avril 2008

Hockey et resto chinois

 

L’an dernier, je suis rentrée de Chine le 2 mai. À cette date, les arbres ne verdissaient pas encore et les jonquilles étaient promesses à réaliser. Vue de ce qui allait devenir mon appartement, le Parc Lafontaine était grisaille sur fond de centre-ville. Cette année est une autre histoire et, cet après-midi, je n’ai pu résister à l’appel de la rue Mont Royal et de mon resto chinois préféré. Enfin, préféré sur Le Plateau. En fait, il s’agit d’un simili-chinois, moins chinois que dans le Quartier chinois, mais plus chinois qu’ailleurs; il y en a deux ou trois de ce genre entre Christophe Colomb et Papineau sur la rue Mont-Royal. Naturellement, je ne fais pas de comparaison avec ceux de la Chine, au risque de voir bon nombre d’entre vous me rappeler qu’il y a trop longtemps que je l’ai quittée. Quand on est loin, on fait ce qu’on peut. Bref, après l’achat des crevettes de Sept-Îles (en saison) je suis allée aux nouilles chinoises.

 

Le resto est toujours à moitié vide (ou à moitié plein, c’est selon) et à 18h00, l’achalandage était comparable à l’habituel. Mais tout à coup, la foule est arrivée … attirée j’imagine par l’écran géant et la partie de hockey du jour. J’ai commandé mes nouilles habituelles (style Kong Kong) et me promettais une bonne séance tranquille de détente en lisant mon roman chinois. Mal m’en fit : j’ai même cru entendre des voix venant du restaurant durant l’hymne national (était-ce le canadien ?). Regardant la salle, j’ai constaté que les clients se divisaient en deux catégories : les « normaux », lesquels mangeaient en discutant, et ceux braqués sur les mouvements du tricolore. Impossible de lire mon bouquin. Un petit de deux ans a même décidé de joindre sa cuillère aux sonorités ambiantes. En regardant la télé, mes voisins ont commandé trois nouilles de Singapour (inutile de se compliquer la vie quand on est là pour le spectacle), double légumes et moitié « curry »; je me demande s’il reste quelque chose de la saveur originale du plat déjà un peu malmené dans le voyage depuis l’Asie…

 

Au moment où j’ai finalement décidé de quitter, je sentais la tension monter dans le resto et ma pression aller dans le même sens. J’ai ramassé mon biscuit de fortune (« Le temps est le meilleur des conseiller – pas de s » – le conseil est chinois après tout) en me disant que la saison du hockey allait passer et qu’il était inutile que je me plaigne des élans du printemps. Après les bordées de neige, il y en a que le hockey réveille alors que pour d’autres ce sont les jonquilles et la verdure. Être au Québec, c’est en accepter les rituels et les débordements. J’imagine que les clients de mon resto chinois ne fracasseront pas les vitres si les Canadiens gagnent (ou perdent) – je fais confiance en la « civilisation » des citoyens de « mon » Plateau. Laissez-moi vous dire que les propriétaires chinois en seraient les premiers étonnés. J’aurais peut-être dû rester pour les rassurer…. Croyez-vous qu’au lieu d’expliquer aux Québécois comment se comportent les Chinois je pourrais gagner mieux ma vie à rassurer les Chinois quant à notre côté latin mais pas très menaçant ? Les images sur YouTubes suite à la dernière partie de hockey constitueraient du matériel pédagogique de choix. Il est presque 22h00 et j’entends crier dans le Parc … « Go Habs Go ».  Tout compte fait, j’irai peut-être manger des nouilles lors de la prochaine partie … sans mon livre et aux aguets pour d’autres histoires à raconter.


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